Mon histoire
Sage-femme & accompagnante à la naissance et à la parentalité, je suis également maman de quatre lutins et lutines plein de vie ! Douce et pétillante à la fois, j’aime la nature et la lecture – Ce qui pose parfois problème question espace car je suis également une grande collectionneuse d’ouvrages dès qu’un sujet me passionne.
J’ai découvert le monde de la naissance à 20 ans, et suis littéralement tombée en amour des naissances libres & souveraines lorsque je suis devenue maman pour la première fois, à 27 ans. En 2017, lors de la naissance de Maël, cela faisait déjà deux ans que j’étais fièrement sortie de l’école, diplôme de sage-femme en main. Cela ne m’a pas empêché, alors même qu’une naissance en structure était inenvisageable pour moi, de céder à la pression médicale. J’avais jusqu’alors fait mon suivi en maison de naissance, où je souhaitais enfanter.
J’ai accepté le déclenchement proposé à 42 semaines, parce que « gros bébé » estimé à plus de 4kg, parce que « trop de liquide », parce que « risque augmenté de mort fœtale après 42 semaines ». Parce que leur discours était basé sur la peur et me renvoyait le message suivant : mon corps avait besoin d’aide car il ne faisait pas son job et si j’allais à l’encontre de l’avis médical, je mettais mon bébé en danger. Au final, j’ai pris la route de la médicalisation, avec la cascade d’intervention qui en découle, ce fameux tobogan. Inutile de vous dire que Mael fut l’un des plus petits de mes quatre enfants (3780 pour 54 cm), que ma quantité de liquide était normale et qu’il avait simplement besoin de plus de temps pour se sentir prêt à nous rejoindre.
Cela a été pour moi une expérience riche en apprentissages malgré tout, même si encore aujourd’hui je regrette cette naissance manquée. Riche en enseignements, sur moi-même, sur ce que je voulais ou non, ainsi que sur mes peurs primitives et inconscientes. Encore aujourd’hui, lorsque je pense à celle que j’étais et à l’entrée dans ce monde que j’ai offert à mon petit garçon je ressens à la fois de l’empathie et un doux mélange de tristesse et de colère.
La vie m’a offert trois autres enfantements merveilleux, en maison de naissance pour notre petit Eliott et dans la chaleur de notre foyer, en totale intimité pour nos deux filles, Nerea & Camille. Quelle voyage initiatique puissant et doux à la fois !
Ce qui m’a profondément marqué à l’époque, c’est ce sentiment de ne pas avoir été suffisamment préparée à l’arrivée de mon enfant. Ce qui est assez paradoxal quand on y pense. Je connaissais les processus, les risques, les mesures à prendre, les… Mais la vérité c’est qu’une fois maman, j’ai eu comme une sorte de black-out total. Je me sentais maladroite, je ressentais et vivais ces changements pour la première fois, avec une réelle consistance, une intensité que je n’aurais jamais soupçonné. Je me suis sentie perdue et si petite face à l’immensité de cette responsabilité : accueillir la Vie et l’accompagne.
Mes études m’ont apporté la base physiologique, l’anatomie, les risques et gestes à poser. Devenir maman m’a permis d’accéder à cette dimension quantique de la naissance, ce qui ne peut être perçu, mesuré, ce qui ne rentre pas dans des cases toutes faites. Mes connaissances acquises à l’école ont été la toile, l’expérience de la maternité et ma plongée dans le monde de la naissance libre et intuitive m’ont permis d’y ajouter les couleurs et les nuances. Après quoi, il n’y a plus de retour en arrière.
Devenir maman a été pour moi une révélation; j’ai littéralement découvert un monde de possibles qui est venu bousculer mes représentations de la naissance, de la maternité et de l’enfance. On dit que dans la vie on ne cesse d’apprendre et de grandir, je l’ai appris malgré moi. C’était comme un élan naturel, un instinct tellement fort qu’on ne peut que lâcher prise et se laisser porter. Magique !
Ce qui m’anime en cette vie c’est de pouvoir partager autour de la Naissance Libre, physiologique, instinctive, sauvage. De dire aux Femmes, au Parents qu’ils sont capables et souverains et que, bien que le monde médical soit nécessaires dans certains cas hors physiologie, la norme reste et devrait être de donner Naissance en toute intimité, selon ses choix et ses valeurs.


L’éclosion
Madre Tierra
Au fil du temps et des rencontres qui m’ont été donné de faire, l’idée de créer une communauté s’est dessinée. Pas à pas. Cheminement faisant, des projets ont pris forme. Des idées folles de partage, de sens, de village. Une maison de naissance, un lieu de partage organisé autour des Mères, des parents, des familles. Pour réunir. Échanger. Apporter sa pierre pour faire bouger les choses. Pour nous, mais aussi pour nos enfants et les enfants de demain.

Au delà des frontières
Madre Tierra, au delà des frontières, c’est un doux rêve de pouvoir partager toute cette bienveillance et cette douceur auprès des mères d’Amazonie péruvienne. Car avant de naitre, Madre Tierra est également issu d’une rencontre entre une sage-femme belge (Eh oui, on parle de moi là) & d’un maïeuticien péruvien (Qui par la force des choses est devenu le père de mes enfants). La rencontre de deux cultures, de deux mondes différents et tout aussi riches. Un pays qui m’a accueilli à bras ouvert, qui m’a porté, m’a appris sur moi-même et sur la force de la résilience.
Mais aussi une région, San Martin, sauvage et merveilleuse où tout est encore à faire. Où vivent des parterras fabuleuses qu’on a brimé au profit des cliniques privées et des hôpitaux publics. Une région où le taux de césariennes reste scandaleusement élevé et où la naissance bien souvent se vit de manière peu humanisée.
Madre Tierra devient l’espoir de redonner aux Mères’veilleuses amazoniennes leur plein pouvoir et la confiance en leur corps.